La sonde Hayabusa2 de retour sur Terre, après avoir collecté des fragments de l’astéroïde Ryugu

L’astéroïde Ryugu photographié avec ONC-T à une distance de 20km environ. © JAXA, University of Tokyo, Kochi University, Rikkyo University, Nagoya University, Chiba Institute of Technology, Meiji University, University of Aizu and AIST.

Des équipes internationales impliquant des chercheur.se.s de l’Institut de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble (IPAG/OSUG, CNRS/UGA) vont participer aux toutes premières analyses des fragments de l’astéroïde Ryugu ramenés par la sonde Hayabusa2. Les analyses prévues pour l’été 2021 à Grenoble permettront de caractériser la composition minéralogique et la nature des composés organiques des échantillons. Par ces études, les scientifiques espèrent obtenir de nouvelles informations sur les premières phases de formation du Système Solaire.

Envoyée en 2014, la sonde Hayabusa2 (JAXA) s’apprête à revenir sur Terre après des millions de km parcourus le long d’un extraordinaire voyage : un aller-retour vers l’astéroïde Ryugu. De son nom complet (162173) Ryugu est un petit astéroïde très sombre qui fait partie de la catégorie des géocroiseurs, c’est-à-dire un astéroïde ayant une orbite assez proche de celle de la Terre. Les astéroïdes sont très étudiés par les scientifiques car, étant de petite taille en comparaison aux planètes, ils ont échappé aux processus géologiques majeurs ayant affecté les planètes telluriques, et détiennent de fait des informations sur les premières phases de formation du Système Solaire. Les astéroïdes peuvent être étudiés depuis la Terre via des observations télescopiques, mais également en laboratoire via l’étude des météorites, qui sont des fragments d’astéroïdes délivrés naturellement sur Terre. Des biais existent dans la collecte de ces météorites, et celles-ci ne semblent pas forcément représentatives de la distribution compositionnelle des astéroïdes.

C’est pourquoi les deux dernières décennies ont vu le développement de missions de retour d’échantillons astéroïdaux par les agences spatiales Japonaise (Hayabusa, Hayabusa2, JAXA) et américaines (Osiris-REx, NASA, retour prévu en 2023). Après la collecte fructueuse d’échantillons d’un astéroïde de type S, pauvre en carbone, (Hayabusa) la JAXA est en voie de ramener des échantillons d’un astéroïde sombre, possiblement lié à un type de météorites très primitif, les chondrites carbonées. Ces missions spatiales sont l’occasion de tester notre compréhension de la composition des astéroïdes par les observations spectroscopiques à distance, et d’accéder à des types d’échantillons qui ne sont peut-être pas représentés dans les collections actuelles de matériaux extra-terrestres.

Les échantillons ramenés sur Terre vont dans une première phase de 6 mois environ être stockés et catalogués par la JAXA dans une facilité dédiée au Japon. Dans une seconde phase d’environ une année, une fraction de ces échantillons va être analysée au sein d’équipes internationales : les “preliminary examination teams” (PET). Plusieurs chercheurs et enseignants-chercheurs de l’IPAG ont été invités à rejoindre ces équipes, et participeront donc aux toutes premières analyses scientifiques de ces échantillons exceptionnels. Le travail des PETs devrait démarrer à la fin du printemps 2021 et des échantillons sont ainsi attendus à Grenoble à l’été 2021. Ils seront étudiés avec des méthodes de pointe, permettant de caractériser leur composition minéralogique et la nature des composés organiques présents. L’IPAG a déjà une expérience dans la manipulation d’échantillons précieux, avec l’analyse de grain Hayabusa il y a quelque années, et l’étude d’échantillons martiens ou lunaires.


► A lire également du communiqué publié par le CNRS.

Contact scientifique local

Pierre Beck, IPAG / OSUG