F.-Xavier Désert
Date: 2004-10-20
Ce cours est mis à jour sur le site web suivant:
http://www-laog.obs.ujf-grenoble.fr/~desert/cosmologie
Ce cours est destiné aux étudiants en Master 2 de Physique de l'Université
Joseph Fourier de Grenoble dans les deux disciplines suivantes:
Astrophysique et milieux dilués:
http://www-laog.obs.ujf-grenoble.fr/enseignement/formation-doctorale/dea.html
et
Physique Subatomique et Astroparticules:
http://lpsc.in2p3.fr/Master/index.html
Il représente 15 heures de cours. Ce n'est donc qu'une introduction à la cosmologie. Il présuppose un bagage en physique et mathématiques de niveau Master 1. Pour l'instant, les démonstrations ne sont données qu'en filigrane. Ce cours doit beaucoup au cours précédent de P.-Y. Longaretti. Il tente de se rapprocher des observations contemporaines (3K, cisaillement gravitationnel, supernovae, grandes structures) sans perdre de vue le contexte général mais en détaillant moins les aspects les plus théoriques de la relativité générale et de l'inflation. Remerciements aux étudiants pour avoir signalé quelques coquettes et coquines coquilles .
La cosmologie s'occupe de comprendre la naissance et l'évolution de l'Univers par la méthode scientifique. C'est uniquement par ce jeu entre théorie physique, modélisation et observation que nous aborderons cette question ici. Nous éviterons soigneusement toute digression métaphysique. Les problèmes spécifiques de la cosmologie tiennent dans sa définition même: la statistique qui est une des grandes méthodes scientifiques est apparemment pauvre: nous n'avons qu'un univers à notre disposition. Néanmoins, nous verrons comment cette variance cosmique peut être intégrée dans nos tests des théories. En outre, on n'observe que le passé de l'Univers. Peut-on parler de prédictions dans ces conditions? Ceci est un probème partagé avec l'archéologie, par exemple. Les théories sont cependant falsifiables dans la mesure où elles prédisent des comportements que des observations peuvent tester.
La cosmologie utilise principalement l'arsenal des mathématiques, de la physique théorique, de la physique des particules, de la physique nucléaire, de la physique des détecteurs, et de l'astrophysique. Elle est donc interdisciplinaire. La cosmologie traite des échelles supèrieures à la taille d'une galaxie jusqu'aux échelles définies par elle-même comme les horizons. Encore que la limite soit volontairement floue, la cosmologie ne traite pas des détails internes de la naissance et de l'évolution d'objets astrophysiques (tels que les galaxies, les amas globulaires, ou des amas de galaxies) qui relèvent plus de la cosmogonie.
Aristote (-350, le monde sublunaire (terre, eau, air, feu) et le cosmos)
Ptolémée (+140, l'Almageste: ``la grande synthèse'', épicycles)
Copernic (1473-1543, De Revolutionibus: l'héliocentrisme), Bruno, Pascal, Tycho Brahe, Kepler (1571-1630), Galilée (1564-1662, lunette, inertie), Newton (1642-1747, gravitation)
Einstein (1879-1955), Hubble, Lemaitre, Gamow
Penzias & Wilson, Peebles, Silk, Mather & Smoot
Maintenant
Un faisceau convergent d'indications nous présentent un Univers dont les caractéristiques sont proches du tableau 1. Si l'on comparait ce tableau à l'état des connaissances il y a une quinzaine d'années (pre-COBE), on serait surpris de l'avancée dans la précision sur quasiment tous les paramètres cosmologiques. C'est l'un des objectifs de ce cours de comprendre comment on peut arriver à déduire ces paramètres des observations, mais aussi de connaître les limitations et hypothèses inhérentes à ces résultats.
|
Les résultats les plus récents convergent vers un modèle d'Univers présentant néanmoins de curieux paradoxes:
Le chapitre 2 est central à la progression du cours. Après quelques brefs rappels sur la relativité restreinte (2.1) et la gravitation Newtonienne (2.2), nous abordons le cur théorique de ce cours: la relativité générale (3). Nous verrons comment, avec le principe cosmologique, elle conduit à la métrique de Friedman-Robertson-Walker (4.1) et aux équations d'évolution de la ``fabrique'' de l'espace-temps (4.3).
Nous recommendons bien evidemment la lecture des livres de base, auxquels ce cours (liber ex libris) ne prétend clairement pas se substituer. Mentionnons tout particulièrement:
Un référentiel se déplace par rapport à un autre avec une vitesse le long de l'axe . Leurs coordonnées se transforment selon la transformation de Lorentz:
où et et est la vitesse de la lumière dans le vide.
Observez :
Pour deux événements infiniment proches dans l'espace-temps l'élément de métrique
est un invariant. Ce ``théorème de Pythagore'' à quatre dimensions correspond à la métrique de Minkowski. L'élément de longueur est invariant par une quadri-rotation représentée par la transformation de Lorentz. La signature de la métrique (1 et 3 ) est le signe que l'espace-temps ne mélange pas complètement la dimension temps avec les trois dimensions d'espace.
Maxwell satisfait au groupe d'invariance de Lorentz.
Masse=Energie, expressions classiques pour :
Monde de la physique des particules OK
Partant des observations méticuleuses de Tycho Brahé notamment, Kepler a énoncé les trois lois permettant de décrire l'orbite des systèmes gravitant autour d'un corps central M:
Sous une forme plus générale, une masse test subit le potentiel
gravitationnel de toutes les masses environnantes
(situées chacune à une distance ). Ainsi2.1:
Notez le caractère instantané de la propagation du champ. Le champ ``existe'' partout même sans la masse test. On peut démontrer que la loi de Newton est équivalente aux trois lois de Kepler. Néanmoins le caractère général de cette loi est patent: ainsi Newton fut capable de calculer l'ordre de grandeur des marées, ce qui est difficile d'entrevoir avec les lois de Kepler.
Invariance galiléenne: contrairement aux équations de Maxwell, la gravitation Newtonienne satisfait au groupe de Galilée:
où est une rotation quelconque dans l'espace et le temps a un caractère absolu.
Exercice: Comparez les force
électromagnétique et de gravitation entre deux protons (
,
,
et
)
?
Exercice: Notion de champ. Le
scalaire
représente un champ scalaire. Le vecteur
3D
est un champ vectoriel. Montrer que
0 | |||
Pour cette dernière relation on utilisera une variante du théorème d'Ostrogradski qui stipule que pour tout champ scalaire :
Exercice: La version continue et locale de l'équation de Newton 2.2.3 où l'on remplace des masses individuelles par une densité de masse est connue sous le nom d'équation différentielle de Poisson:
où est le laplacien qui transforme un champ scalaire en un autre champ scalaire.
Au départ des considérations pour généraliser la loi de Newton (Eq. 2.2.3), on cherche à comparer la masse inertielle (qui multiplie l'accélération d'un corps pour donner la force sur ce corps: ) et la masse gravitationnelle intervenant dans la loi de la gravitation universelle (Eq. 2.2.1).
et sont indistinguables, mis à part un facteur universel qu'on fixe à 1 (au besoin en redéfinissant les unités). C'est le principe d'équivalence qui participe à l' ``économie des théories'' : pour un corps, inertie et gravité font appel à une seule quantité pour mesurer la matière. Ce principe est à la base de la relativité générale. Les tests expérimentaux de ce principe (expérience d'Eötvös) donnent une limite supérieure de aux variations de d'un corps à un autre, par ex. composé d'aluminium ou en or massif.
Le principe de Mach, quant à lui, repose sur la notion qu'il ne peut y avoir d'inertie de la matière que par rapport à la matière environnante. Sans cette matière, la notion même d'accéleration n'a plus vraiment de sens. Ce principe, sans qu'il soit nécessaire à la relativité générale, a également fortement influencé Einstein. Que répond la RG au principe de Mach? Cf. la discussion de Weinberg [15]p. 86.
Retour au principe d'équivalence: la gravitation est liée à l'espace-temps. Une façon simple de voir cela est la fameuse parabole (sic) de l'ascenseur pronée par Einstein lui-même. Pour un observateur dans un ascenseur, localement dans le temps et dans l'espace, la gravité et l'accélération sont indistinguables par des expériences physiques locales. En chute libre, pas de gravité mais pas d'accélération non plus, la particule décrit une ``ligne droite'' : une géodésique dans un espace-temps courbe. De même si l'ascenseur est sur terre et ne subit aucune accélération. On doit abandonner le concept d'espace-temps euclidien propre à la RR.
Le temps propre est un invariant, c'est-à-dire qu'il ne dépend pas du choix de la métrique3.1:
Dérivation des géodésiques (cf. 3.4).
La covariance généralisée stipule que si je connais deux systèmes de coordonnées et ,
La métrique dans un univers vide ou localement en chute libre s'écrit:
C'est la métrique de Minkowski vue à l´équation (3.2.2). La convention générale est de mesurer l'espace dans les mêmes unités que le temps. En d'autres termes, on pose (attention, c'est un jeu subtil dés qu'il faut remettre les unités). La métrique d'un univers vide doit se réduire (en opérant si besoin des rotations 3D et des normalisation de coordonnées) à la métrique de Minkowski (cf. Eq. 2.1.6) qui est diagonale et dont la diagonale (signature) vaut (-1, +1, +1, +1). Les expressions 3.2.1 et 3.2.2 comportent un signe pour s'adapter à la convention de signe précédente.
Voir le complément de cours écrit par Denis Gialis:
http://laog-www.obs.ujf-grenoble.fr/~desert/cosmologie/cours/Gialis_FormTensor.pdf
Ici nous ne faisons que le strict essentiel pour la suite.
L'espace-temps peut être maillé par différents systèmes de coordonnées. Un scalaire ne dépend pas du système de coordonnées. Par exemple . Un vecteur (dit quadri-vecteur) de composantes dans un système () se retrouve avec les composantes dans un système () telles que:
est bien un quadri-vecteur (dont le premier élément est l'énergie : ) ainsi que la quadri-force:
Un tenseur du deuxième ordre qui pourrait formellement s'écrire (où représente le quadrivecteur des coordonnées) se transforme de la façon suivante:
Deux formes du même tenseur ou vecteur existent: covariante (indices en bas) et contravariante (indices en haut). On passe de l'une à l'autre par l'utilisation du tenseur sachant que
où est le symbole de Kronecker (qui vaut 1 seulement si ). Ainsi et sont des matrices inverses l'une de l'autre. Un quadri-vecteur covariant obéit à une loi de transformation similaire à 3.3.1 (propre aux vecteurs contravariants) excepté qu'on utilise la transformation inverse: . Les scalaires, 0 et Kronecker sont les seuls tenseurs identiques dans tous les systèmes de coordonnées. La métrique permet de ``monter'' ou ``descendre'' les indices de tenseurs: par exemple, avec, comme toujours, la convention de sommation implicite.
La dérivée d'un scalaire définie par est un quadri-vecteur. En revanche, en cherchant l'expression d'une dérivée covariante (et contravariante) d'un vecteur , on est obligé d'introduire la connection affine (qui n'est pas un tenseur) telle que la quantité
est bien un tenseur. La connection affine (symboles de Christoffel) s'exprime à partir de la métrique grâce à :
Tous les symboles mathématiques précédents sont importants car ils permettent d'écrire les ``lignes droites'' dans un espace courbe: les géodésiques. Pour cela, prenons un système de coordonnées inertiel (cf. Eq. 3.2.2) et une masse test en chute libre, c'est-à-dire ayant une vitesse constante:
Dans un système de coordonnées quelconques, la connection affine nous permet d'affirmer que:
ou encore, en terme de vitesses locales :
En effet, on peut montrer ([15], p. 71 & 75) que la définition:
est équivalente à l'équation 3.3.7 et contient l'effet du champ gravitationnel (en anticipant sur la suite). Le changement de référentiel implique que:
Enfin, si la particule n'a pas de masse (par exemple un photon), on remplace par . Retenons que la dérivée covariante d'un vecteur est un tenseur qui coïncide avec la dérivée locale dans un référentiel inertiel. En outre, (non démontré ici) les géodésiques ainsi définies sont bien des extremas d'une certaine mesure de longueur entre deux points quelconques de l'espace-temps.
Le tenseur énergie-impulsion est symétrique. Il a 16 composantes dont 10 sont indépendantes (à cause de la covariance) car on demande que se conserve au sens des tenseurs lors d'un changement de référentiel.
Pour un ensemble discret de particules d'indice dont le vecteur
énergie-impulsion (cf. Eq. 3.3.2) est
on
peut former ce tenseur ainsi:
L'équation 3.5.1 se réfère à une fonction Dirac ainsi que à 3 dimensions. La formulation 3.5.2 est plus directement covariante et fait appel à une fonction de Dirac et des vecteurs et dans l'espace à 4 dimensions. Elle montre que le tenseur est symétrique. S'il n'y a pas d'autres forces que la gravitation agissant sur ces particules, la loi de conservation de l'énergie-impulsion s'écrit:
Pour le champ électromagnétique, la formulation des équations de Maxwell est la plus élégante sous sa forme covariante. On commence par former le tenseur électromagnétique antisymétrique (donc de diagonale nulle) à partir des champs électrique et magnétique tel que et (etc...). Les équations de Maxwell relient alors le champ aux courants :
et l'absence de charge magnétique se traduit par:
(seulement localement covariant ici) enfin, la force de Lorentz s'écrit:
Le tenseur énergie-impulsion lié au champ électromagnétique s'inspire donc des notions liées au vecteur de Poynting et s'écrit (de façon covariante):
Dans le cas général, on somme les tenseurs d'énergie-impulsion pour obtenir le tenseur total:
Comment définir les propriétés intrinsèques de la métrique?
Comment reconnaître dans la métrique qu'elle n'est pas qu'une variante de la métrique espace-temps vide (Eq. 3.2.2) déguisée sous les oripeaux par exemple de coordonnées sphériques? Dans une variété à seulement deux dimensions, penser à l'analogie entre le plan et la sphère: la courbure, qui est l'inverse du produit des rayons de courbure locaux nous indique si l'espace est courbe ou non (un cône, un cylindre, un tore sont-ils courbes?). Pour cela, l'idée est de regarder ``autour'', dans le voisinage. On cherche donc une combinaison linéaire de avec ses dérivées premières et secondes, qui soit un tenseur. Si on ne gardait que les dérivées premières, un changement de coordonnées permettrait de les annuler. Il faut dériver jusqu'à l'ordre deux pour arriver à des quantités physiques. Seul le tenseur de courbure de Riemann-Christoffel répond à ces exigences. Il est défini à partir de la connection affine (Eq. 3.3.7) selon:
En contractant deux indices, on en déduit le tenseur de Ricci:
qui est symétrique. En contractant une dernière fois, on obtient le scalaire de courbure (scalaire donc identique dans tous les systèmes de coordonnées):
Le tenseur de Riemann-Christoffel est nul loin des champs de gravitation, et on retrouve la métrique de Minkowski dans ce cas. La propriété majeure de ces nouveaux tenseurs tient dans les identités de Bianchi qui relient leurs dérivées premières:
La dérivation des équations d'Einstein (cf. [15], p. 151) est obtenue simplement en recherchant le tenseur contenant des dérivées d'ordre maximum 2 de la métrique qui serait proportionnel au tenseur énergie-impulsion . En fait, il n'y a pas grand choix du fait des identités de Bianchi:
La géométrie (membre de gauche) est directement connectée à l'énergie-impulsion totale (membre de droite). Le contenu en énergie-impulsion courbe l'espace-temps.
C'est une théorie non-linéaire car le membre de droite contient lui-même une contribution provenant de la courbure de l'espace-temps.
Ce sont des équations de propagation, voir version linéarisée (cf. Section 3.10)
4 des 16 équations sont redondantes, grâce aux identités de Bianchi (Eq. 3.6.5). Lié au choix (arbitraire) du système de coordonnées à 4D: la RG est une théorie de jauge. Les mesures physiques ne dépendent pas du choix de jauge.
La physique hors-gravitation s'insère dans un cadre inséparable espace-temps-gravité.
La constante est déduite de la limite Newtonienne (voir 3.8) où est effectivement la constante gravitationnelle classique. est une ``vraie'' constante, indépendante du lieu et de l'instant. Les théories où varie, sont hors RG, ce qui ne veut pas dire qu'elles sont fausses: la physique des particules arrive à construire des champs dont l'interaction avec la matière produit une constante gravitationnelle ``effective'' variable.
Une autre constante apparaît dans la partie gauche de l'équation. C'est la fameuse constante cosmologique sur laquelle nous reviendrons à propos des périodes d'inflation de l'Univers.
Dans le cas des champs faibles, on peut écrire que finalement la relativité générale n'est qu'une petite déformation de la métrique de Minkowski:
où . Au premier ordre en , le tenseur de Ricci (Eq. 3.6.2) s'approxime en:
La connection affine (Eq. 3.3.7) se simplifie en:
D'autre part, l'équation des géodésiques (3.4.2) s'écrit, en supposant de petites vitesses de déplacement (par rapport à la vitesse de la lumière), grâce à:
Pour cela veut dire que donc que le temps est ``universel'' (on peut prendre ). Pour les 3 autres indices, on a:
car la connection affine se résume à . En identifiant l'équation de mouvement avec la loi de Newton (Eq. 2.2.2, 2.2.3), on trouve que :
Le tenseur énergie-impulsion pour de la matière non-relativiste est dominé par . Dans ce cas, on peut montrer que l'Eq. 3.7.1 se réduit au terme temporel: , la dernière égalité provenant directement de l'équation de Poisson (Eq. 2.2.6), en supposant que la constante cosmologique est négligeable. En remettant la vitesse de la lumière explicitement, nous voyons comment s'écrit l'élément de métrique en champ faible:
De même qu'en mécanique quantique où les solutions moyennes ne font
plus intervenir , on retrouve ici que la dynamique des particules
massives décrites par l'Eq. 2.2.2 ne contient pas
.
Exercice: Combien vaut au ras
de notre vieille terre? au ras du soleil? (
,
,
,
)
On cherche une solution des équations d'Einstein qui soit stationnaire et isotrope dans le vide au voisinage d'une masse (cette masse peut être ponctuelle, ou à symétrie sphérique). On peut montrer que la seule solution est donnée de façon simple evidemment en coordonnées sphériques selon (Schwarzchild 1916):
En développant les géodésiques (Eq. 3.4.2) dans cette métrique, on peut montrer que les rayons lumineux venant de l'infini sont déviés lorsqu'il passent au voisinage (à la distance ) de la masse par un angle total de:
C'est la première prédiction de la RG qui ait pu être vérifiée. C'est le double de ce qu'on obtiendrait avec un raisonnement ``naïf'' newtonien. Le facteur 2 est d'origine relativiste: le photon a une énergie égale à fois l'impulsion.
Les orbites de corps massifs gravitant autour de peuvent également être calculées. On retrouve les lois de Képler au premier ordre. Au deuxième ordre, la perturbation de la métrique ne se fait sentir que pour l'orbite de Mercure qui n'est plus fermée. Le périhélie de Mercure (point de l'orbite le plus proche du soleil à la distance , l'aphélie à ) subit une rotation lente dans le sens de rotation de la planète avec une vitesse angulaire de:
qui vaut 43 secondes d'arc par siècle pour Mercure. C'était l'un des derniers mystères dans les observations du 19ème siècle qui ne collaient pas avec la théorie de Newton. En fait, ce n'est qu'une partie de la précession de Mercure qui n'est pas expliquée. En effet, les autres planètes influencent Mercure en produisant une précession (dominante) de 532 secondes d'arc par siècle.
Les développements récents sur les tests de lar RG concernent d'autres effets fins (développements à l'ordre 2 en l'intensité du champ gravitationnel, l'ordre 1 étant Newton). On pourra consulter
http://www.resonancepub.com/gravity.htm
http://www-cosmosaf.iap.fr/Gravity-probe-B.htm
pour l'aventure moderne du satellite (en orbite en ce moment) Gravity Probe B. Lancé le 20 avril 2004, il doit mesurer l'effet géodésique (6.6 ''/an, effet de couplage spin-orbite entre des gyroscopes et le champ gravitationnel terrestre) avec une précision de et, pour la première fois, l'effet Lense-Thirring (0.042 ''/an) couplage spin-spin (Terre-Gyros) d'entrainement de référentiels tournants dit ``gravito-magnétique'') avec une précision de 1 %.
Enfin, nous mentionnons en passant (faute de temps) la description des trous noirs avec cette métrique, pour le cas où le rayon limite d'une masse est plus petit que . Un trou noir se caractérise uniquement par sa masse, son moment cinétique et sa charge. En principe, rien ne s'échappe de l'intérieur d'un trou noir, pas même la lumière. Néanmoins, des effets quantiques subtils permettent de prédire que les trous noirs s'évaporent (rayonnement de Hawking). Leur surface peut être identifiée à l'entropie du trou noir. De fortes indications montrent que les trous noirs de une à un milliard de masses solaires peuplent les galaxies. Se pourrait-il que les trous noirs (dont le nombre baryonique a disparu) soient une fraction non négligeable de la matière noire?
En utilisant les approximations de champ faible (Eqs. 3.8.2 & 3.8.3), on résoud les équations d'Einstein (3.7.1). De façon générale, on trouve:
avec le choix de jauge (système de coordonnées) tels que:
Le d'Alembertien est défini comme le laplacien à 4D:
De même que les équations de Maxwell comportent des solutions dans le vide qui correspondent à la propagation d'ondes électromagnétiques à la vitesse de la lumière, les équations de propagation (3.10.1 & 3.10.2) possèdent des solutions en tant qu'ondes se propageant à la vitesse de la lumière. Les ondes gravitationnelles correspondent à une déformation locale de l'espace-temps se propageant dans le vide. Les ondes électromagnétiques ont une polarisation décrite par un vecteur et sont donc d'hélicité (spin) 1. La polarisation des ondes gravitationnelles se décrit à l'aide d'un tenseur d'ordre 2. Les ondes sont donc d'hélicité 2. La source des ondes gravitationnelles s'écrit comme un terme de droite non nul ( ) dans l'Eq. 3.10.1. L'effondrement d'une masse gravitationnelle peut engendrer des ondes gravitationnelles s'il se produit de façon non isotropique (par ex., avec un quadrupole non nul, en forme de ballon de rugby). Celui-ci peut se produire lorsqu'une étoile arrive en fin de combustion nucléaire, lorsque la pression du gaz ne supporte plus sa gravité. A l'heure actuelle, des interféromètres (par ex. VIRGO en Europe et LIGO aux USA) commencent leurs observations afin de détecter directement les ondes gravitationnelles, une prédiction parmi les plus tranchantes de la RG. Nous verrons que le Big Bang a sans doute produit un fond d'ondes gravitationnelles stochastique dont la trace est activement recherchée dans la polarisation du rayonnement fossile à 3 K. La meilleure indication que des ondes gravitationnelles existent bel et bien est indirecte. Le pulsar double PSR1913+16 a permis de mesurer précisément les paramètres orbitaux au cours du temps. La perte d'énergie mesurée par la décroissance de l'orbite est en accord avec le taux d'émission d'ondes gravitationnelles prédit par la RG. Ces calculs sont très complexes (N. Deruelle et T. Damour en sont les champions en France). Les observations du pulsar double, capitales pour la RG, ont été couronnées par un prix Nobel de physique (1993, R. Hulse et J. Taylor).
Mettez une horloge à une position fixe dans un faible champ gravitationnel. Son battement peut s'identifier au temps propre dans la métrique (eq:RG_ds2). En annulant les composantes spatiales , on trouve qu'un observateur va mesurer un battement égal à (le temps universel dont nous avons parlé au paragraphe sub:RR_Limite-Newtonienne):
En utilisant l'expression de la métrique en champ faible (Eq. 3.8.7), cette dernière expression indique que la fréquence d'une horloge (ou d'une raie spectrale) subit un décalage tel que:
Ainsi les raies visibles du soleil devraient être décalées vers le
rouge (redshift) car le potentiel gravitationnel est négatif de l'ordre
de
. Ce décalage se superpose
au décalage Doppler et est d'une autre nature. Bien que présent dans
les données, le redshift gravitationnel dans les observations du spectre
solaire ne peut se mettre en évidence de façon non ambigue. Des expériences
sur terre (effet Mossbauer) ont permis de mettre en évidence l´ effet
avec une précision de un pourcent ([15]p. 82-83).
Exercice:Retrouver
l'expression 3.11.2 par un raisonnement sur des
photons envoyés verticalement dans un ascenseur accéléré (localement
équivalent à un champ de gravitation par le principe d'équivalence).
La Relativité Générale part du principe d'équivalence et des lois asymptotiques que sont la Relativité Restreinte pour l'électromagnétisme sans gravité et la gravitation Newtonnienne en champ faible. L'interprétation de la RG la plus admise conclut que le continuum espace-temps est courbé par la totalité de son contenu en énergie-matière, le champ gravitationnel en faisant lui-même partie. Les effets de la RG se font sentir avec une intensité proportionnelle à où et sont la masse et la distance en jeu et les deux constantes de la gravitation Newtonienne et de la Relativité Restreinte apparaissent ensemble. Cette intensité est très faible dans le voisinage solaire ( à la surface du soleil). La RG est une théorie non-linéaire dont les solutions analytiques sont peu nombreuses (métrique de Schwarschild : section 3.9, métrique de Robertson-Walker: plus loin, section 4.1). Outre les effets de courbure des rayons lumineux et de redshift gravitationnel, la RG prédit l'existence d'ondes gravitationnelles se propageant à la vitesse de la lumière qui, si elles étaient détectées, nous informeraient sur les premières phases du Big Bang et les effondrements gravitationnels violents de l'Univers.
De fortes indications (distribution des galaxies, et rayonnement fossile à 3 K), sur lesquelles nous reviendrons plus tard, nous portent à considérer un univers homogène à grande échelle et isotrope. Les défauts à cette double hypothèse peuvent généralement être considérés comme locaux et semblent peu significatifs pour l'univers observé à grande échelle. En outre, nous disposons de fortes indications que l'Univers etait (encore plus) homogène et isotrope dans le passé et sur des échelles spatiales beaucoup plus diverses.
Analogie: un mur de briques est homogène à 2D mais pas isotrope (cf. Wright). Mettez vous au centre d'un oignon: l'oignon vous parait isotropique mais pas homogène à cause de ses couches différentes (OK: comparaison gastronomique n'est pas raison astronomique).
Juste armés de la RG et de cette double hypothèse nommée principe cosmologique, nous voilà en mesure de trouver la métrique de l'espace-temps (à grande échelle à tout le moins, disons au-delà de 10 Mpc) et son évolution dans le temps (cf. 4.3).
Ici, la métrique qui ne dépend pas des équations d'Einstein (Eq. 3.7.1), s'exprime généralement, pour un observateur donné, en coordonnées radiales comme:
Plusieurs remarques permettent d'appréhender cette métrique:
La forme de la métrique a très peu de paramètres libres, car les espaces
homogènes et isotropes sont des espaces à symétrie maximale. La démonstration
que c'est la bonne forme est intégralement dans [15],
Chap. 13.
La métrique est dite ortho-chrone car les termes croisés de type
sont nuls. L'absence de termes croisés (par ex. ou
)
résulte d'un choix de jauge pratique, non unique, mais très communément
employé.
se nomme le facteur d'échelle. Il
est universel. Il s'applique globalement à la métrique de l'espace.
Il ne peut dépendre de , , puisque cela briserait
l'hypothèse d'homogénéité. Son unité est le mètre. Nous verrons qu'il
est intimement lié à la courbure de l'Univers si . Si ,
il y a une dégénérescence entre et par un facteur constant.
Toute la dynamique de l'Univers va se manifester dans la fonction
.
Les observateurs sont d'accord sur le temps . C'est une particularité
de la métrique de FRW qui vient de l'homogénéité de l'espace. Ce n'est
pas une contradiction de la RG.
La sphère céleste conserve ses angles habituels en projection sphérique
et le bout de métrique associé traite les angles
solides sur le même pied d'égalité où qu'il soit, hypothèse d'isotropie
oblige.
La constante peut valoir , 0, seulement. Les coordonnées
d'espace à l'intérieur des crochets sont dites comobiles.
On verra plus loin que les objets en chute libre tendent à se retrouver
avec des coordonnées comobiles fixes (Eq. 4.2.6).
On retrouve la métrique d'espace euclidien pour , équivalente
à
. On dit que l'espace est ``plat'' dans
ce cas, ce qui n'est qu'un raccourci de language.
correspond à un univers de géométrie sphérique. Mais, c'est
d'une 3-sphère dont il s'agit ici. L'univers est fini. Son volume
est de
. Dans ce cas, il est correct de parler de
comme du rayon de courbure de l'Univers. La variable n'est
pas interprétable directement comme la distance d'un rayon vecteur.
On imaginera plutôt l'analogie suivante. L'espace étant isotrope,
restreignons-nous un instant à ne considérer qu'une feuille d'espace
. Cette feuille peut être plongée dans un espace 3D,
en fait sur la surface d'une sphère de rayon 1 (on ne regarde que
la métrique dans les crochets de 4.1.1). Un point
quelconque sur cette sphère est paramétré par:
: l'Univers est ouvert, infini, de type hyperbolique. Il possède une géométrie en ``selle de cheval'' moins facile à visualiser.
De manière générale on peut reformuler la métrique de FRW sous:
Il n'est pas rare de mettre le temps ``à la norme'' de . Ainsi on définit le temps conforme avec et la métrique devient:
L'équation des géodésiques (3.4.3) nous permet de trouver la loi des corps en chute libre. La quadri-vitesse satisfait à:
L'équation (4.2.1) devient donc:
Ainsi la 3D norme du vecteur vitesse d'une particule en chute libre tend à décroître comme . La vitesse particulière se ``dilue'' si l'Univers est en expansion. La température d'un gaz non-relativiste décroit donc comme . Une démonstration similaire conduit à la même relation pour les photons. Dans ce cas, c'est l'énergie du photon qui décroit (et non la vitesse), où est la constante de Planck. Ainsi, entre l'émission et la réception du photon , la fréquence suit la loi:
Le tenseur énergie-impulsion de l'Univers doit être symétrique tout comme la métrique. Ceci impose que le tenseur est diagonal. En faisant l'hypothèse d'un fluide parfait, c'est-à-dire qu'on peut définir localement une vitesse moyenne du fluide, la forme générale du tenseur est:
La conservation de l'énergie-impulsion (Eq. 3.5.9): se convertit donc en:
C'est le comportement physique des constituants dominants qui va nous permettre de résoudre cette équation en imposant une relation entre et , appelée équation d'état. Quatre états différents sont discutés ici, car particulièrement pertinents pour l'Univers présent et passé.
Le rayonnement (ou tout autre matière relativiste) vérifie:
La matière non-relativiste a une densité de masse beaucoup plus grande que sa pression, car l'énergie de masse de chaque particule ( ) est beaucoup plus grande que l'agitation thermique ou sa vitesse particulière ( ). Donc on peut prendre l'approximation:
L'énergie du vide (notion quantique sur laquelle nous reviendrons) possède une équation d'état particulière:
Exercice: Montrer que de façon générale, si un constituant de l'Univers satisfait à l'équation d'état:
Tant que les intéractions entre constituants sont négligeables, l'évolution de la densité de chaque constituant suivra également sa loi de décroissance respective.
Nous sommes maintenant prêts pour allier la géométrie et l'énergie-impulsion de l'Univers, grâce aux équations d'Einstein (3.7.1). La structure diagonale du tenseur énergie-impulsion (Eq. (4.3.1) nous montre que seulement deux équations d'Einstein, parmi les 16 au départ, sont indépendantes et non triviales, ce sont les équations de Friedmann-Lemaître. En injectant la métrique de Friedmann-Roberston-Walker (Eq. 4.1.1) dans l'expression du tenseur de courbure de Ricci, ici diagonal, on trouve que ses composantes diagonales sont:
De par la symétrie des équations et le nombre de termes nuls dans la jauge choisie, il ne reste que deux équations d'Einstein utiles, appelées équations de Friedmann. Pour simplifier, la somme des densités d'énergie, incluant l'éventuelle constante cosmologique, est notée . La première équations provient du terme et contient explicitement la dynamique:
Les conséquences de cette loi d'évolution de l'Univers (Eq. 4.3.17 & 4.3.18) peuvent maintenant être précisées.
Les paramètres réduits permettent de définir une équation encore plus simplifiée. Pour cela, on définit d'abord le paramètre de Hubble (en fait une fonction du temps):
On définit ensuite la densité critique:
On peut aussi choisir de n'utiliser que les densités réduites définies maintenant pour l'instant . C'est notre convention pour la suite. Dans ce cas, on peut transformer l'équation précédente en:
Les paramètres provenant de nombreuses mesures convergent vers la
liste donnée dans la table à la page .
Pour un Univers en expansion (), croît, donc l'Eq. (4.3.26) implique que décroît. Dans ce cas, l'Univers a un âge fini. La condition exacte est que (Exo). On définit comme le moment où s'annule et les densités deviennent infinies. L'âge de l'Univers peut se calculer à partir des densités réduites de ses constituants. En changeant de variable , on peut écrire l'équation Friedmann-Lemaître (4.3.26) sous de nouveaux habits:
En utilisant l'Eq. (4.3.18), on trouve que l'accélération de l'Univers peut se mesurer avec ce que l'on définit traditionnellement par le paramètre de décélération (cf. plus loin) mesuré maintenant:
Ce paramètre apparait naturellement dans le développement limité du facteur d'échelle:
L'intégration analytique des équations de Fridmann-Lemaître est lourde
et n'existe pas dans le cas général. Nous donnons ici la solution
lorsqu'un des constituants, d'équation d'état donnée par (Eq. 4.3.12),
domine. Dans ce cas, la donnée de permet d'écrire:
Pour le cas d'une constante cosmologique, on parle d'un Univers de de Sitter:
En combinant une constante cosmologique et une courbure positive, on peut arriver à un Univers statique: c'est le modèle d'Einstein, qui est malheureusement instable. Lemaître a trouvé les paramètres d'un Univers en expansion, tels que la période ressemblant au modèle statique d'Einstein peut être rendue très longue. Un modèle d'Univers d'Einstein-de Sitter se caractérise par (, et donc ).
Les observations des spectres de galaxies permettent de mesurer la fréquence (reçue ) d'une raie connue d'un élément (par exemple, l'hydrogène, le sodium) et de la comparer à la fréquence de la même transition mesurée au laboratoire (émise ). On a constaté que toutes les raies identifiables (en absorption ou en émission) subissent un facteur de réduction constant:
L'équation des géodésiques pour les photons, dans le cas d'un Univers de Friedmann, nous conduit (en valeur absolue) à:
C'est simplement le temps de traversée des photons que multiplie la vitesse de la lumière:
C'est la notion qui se rapproche le plus des coordonnées comobiles, mais rapportées à des mesures présentes ():
Un objet de luminosité (en Watt par exemple) situé en voit une partie de sa lumière détectée par un télescope de surface . Le flux de l'objet est la puissance détectée par unité de surface: . On définit la distance de luminosité comme la distance équivalente intervenant dans la relation euclidienne entre flux et luminosité:
Dans cette expression, le lien entre et provient de la métrique (Eq. 4.1.3).
Prenez un objet de taille fixe . Il va sous-tendre un angle variable si vous le mettez le à des redshifts différents. La distance angulaire se définit comme celle qui intervient dans le cas euclidien et pour des petits angles:
La vitesse finie de la lumière et et l'âge fini de l'Univers nous imposent des limites sur l'Univers observable. On définit l'horizon particulaire comme la distance maximum comobile qui nous sépare des particules ayant pu nous influencer:
Très souvent, les comptages d'objets font intervenir une population de densité comobile constante (les astronomes appellent cela une évolution passive!). Dans ce cas le nombre d'objets comptés est directement lié au volume comobile accessible dans un intervalle et dans un angle solide qui s'écrit:
Il va comme . Une galaxie résolue en visible ou un amas résolu en rayons X voit sa brillance de surface diminuer. Les seuils de détection d'objet au dessus du bruit sont liés à cette notion. Les objets distants sont de moins en moins bien observés.
Hubble (1920) a montré que la distance des galaxies était lié linéairement à leur vitesse de récession:
où la constante de Hubble s'exprime généralement en km/s/Mpc, mais peut aussi s'écrire comme l'inverse d'un temps caractéristique.
On évalue directement la distance d'objets proches (parallaxes), puis on propage cette mesure aux Céphéides dont la période de pulsation est liée à la luminosité absolue. On propage cet indicateur de distance aux SNIa.
La comparaison de l'émission X du gaz chaud d'un amas avec l'effet Sunyaev-Zel'dovich (effet Compton des électrons chauds sur le CMB) donne accés à la profondeur de l'amas. En supposant l'amas sphérique, la distance angulaire déduite donne accés à la constante de Hubble.
des images multiples d'un quasar variable. Les décalages en temps combinés à un modèle gravitationnel de la lentille procurent une mesure de
Les baryons: principalement, le proton et le neutron, formés de trois quarks, et les mésons (formés de deux quarks) forment le groupe des hadrons, les particules sensibles à l'intéraction forte. Les leptons (electron, positron, neutrinos) n'y sont pas sensibles (seulement l'intéraction électrofaible). Il y a à peu près autant d'électrons que de baryons. Et la masse d'un proton est deux mille fois plus grande que celle d'un électron. Ainsi, les protons et neutrons (dans les noyaux) constituent l'essentiel de la masse baryonique dans l'Univers.
Il doit exister des baryons non-lumineux car . Lyalpha, Macho (EROS).
galaxies, amas, vitesse particuliere
cartographie des gradients de densité de matière (totale= noire et baryonique).
Elle recèle de candidats issus des théories de grande unification et de supersymétrie. La cosmologie permet de cerner la masse des particules susceptibles d'être la composante principale matérielle de l'Univers. Si la masse est de l'ordre de quelques dizaines d'eV (par exemple, un neutrino massif), alors on parle de matière noire chaude. Elle est relativiste au moment de son découplage du reste de la soupe cosmique. Si la masse est de l'orde de 5 GeV ou 1 TeV, alors on parle de particules massives intéragissant faiblement (Weakly Interacting Massive Particles: WIMPs, c'est un euphémisme). Leur découplage s'est fait lorsqu'elles étaient déjà non-relativistes ( ). Dans ce cas on parle de matière sombre froide (Cold Dark Matter : CDM). On pense que la particule est un fermion. Son antiparticule est elle-même si elle est de type Majorana (Dirac dans le cas contraire).
Edelweiss, CDMS.
SN cosmology project, Riess, Perlmutter, SNIF, SNAP...
On a vu que la température de la matière non-relativiste décroissait comme et que celle de la matière relativiste variait comme les photons: . La matière est actuellement transparente aux photons du rayonnement fossile à 3 K (CMB). Mais dans le passé, il est inévitable que la matière et les photons aient été en intéraction beaucoup plus forte lorsque la matière baryonique était ionisée. Nous allons supposer dans la suite que dans les phases primordiales, l'Univers était en équilibre thermodynamique et chimique. Nous étudierons la validité cette hypothèse ensuite.
Pour un gaz de particules à l'équilibre cinétique, on peut définir localement une température et un potentiel chimique , correspondant à une fonction de distribution des impulsions qui s'écrit avec l'aide de , suivant la statistique de bosons ou de fermions:
La densité, la densité d'énergie et la pression d'un constituant de
l'Univers s'écrivent ainsi:
Dans le cas relativiste (
), on obtient selon
la statistique (de bosons ou de fermions):
Dans le cas non-relativiste ():
Le potentiel chimique correspond au coût en énergie qu'il faut dépenser pour importer une particule dans le gaz. Le potentiel chimique des photons est nul car ils sont produits en nombre aléatoire au cours des réactions. En revanche, les réactions de type impliquent que les potentiels chimiques d'une particule et de son anti-particule sont égaux et opposés: . La différence de densité, quant à elle, suit .
En principe, la densité comobile de baryons est invariante au cours du temps, excepté à l'échelle électrofaible: , et l'échelle GUT: .
Au cours de l'évolution, ce qui implique que .
Pour les électrons (leptons en général), la neutralité implique que ; ainsi .
Pour les neutrinos, la synthèse de l'hélium implique que . Les neutrinos interviennent dans les réactions nucléaires conduisant à l'hélium primordial par exemple. Un fond cosmologique de neutrinos est donc prédit. Les observations récentes à partir des neutrinos (et non des photons) fondent une astrophysique récente (prix Nobel 2002) en plein essor: détection des neutrinos provenant de SN1987A, des neutrinos solaires, des oscillations de neutrinos (ils ont donc une masse de quelques centièmes d'eV à un eV). Toutefois, détecter le fond cosmologique de neutrinos semble encore hors de portée de l'instrumentation actuelle.
Dans la suite, nous supposons négligeable le potentiel chimique de toutes les particules.
La densité comobile d'entropie ne change pas au cours de l'évolution. On peut montrer que la densité d'entropie, elle, s'écrit:
L'équilibre ne se maintient que si l'échelle de temps des intéractions établissant l'équilibre (par exemple, diffusion, réactions nucléaires, ) est plus courte que l'échelle de temps de l'Univers, c'est-à-dire son âge, ou bien l'inverse de la constante de temps. Si est le taux de réaction et le paramètre de Hubble à un instant (pendant l'ère radiative, rappelons-nous que ), alors la condition d'équilibre se traduit par:
Le plus souvent, c'est dans le passé que les conditions d'équilibre sont le plus facilement remplies car la densité est plus élevée. Contrairement à la vie courante où un système physique aurait plutôt tendance à aller vers l'équilibre, dans l'Univers primordial, l'équilibre se perd à partir d'un certain âge. Dans ce cas, la fonction de distribution garde la même forme en subissant, de façon passive cette fois, l'expansion de l'Univers, via l'Eq. (7.1.1) avec une température effective:
Pour des particules non-relativistes, la fonction de distribution est proportionnelle à et après découplage, subit l'évolution passive:
Nous verrons dans la suite plusieurs applications de cette notion de découplage (fond de neutrinos, fond à 3 K).
Un petit miracle s'est produit pendant la première seconde de l'Univers, la baryogénèse. Les théories les plus simples expliquant de nombreux phénomènes nucléaires conduisent à une symétrie entre particules et antiparticules. Ainsi, lors des phases chaudes de l'Univers, , il y a autant de particules que d'antiparticules. Avec l'expansion et donc le refroidissement de l'Univers, ces particules et antiparticules vont s'annihiler en donnant des photons. Notre Univers ne devrait pas contenir de baryons du tout! Plus exactement, l'équation 7.1.2 nous montre qu'une quantité infime peut survivre. Ce qui ne correspond pas clairement pas aux observations, ni à l'existence des observateurs en l'occurrence.
Donnons ici l'interprétation moderne quoiqu'encore incomplète de l'existence des baryons. La conservation du produit des symétries CPT (charge, parité, renversement du temps) est un must pour les théories de champs locales, qui implique d'ailleurs l'égalité des masses d'une particule et de son anti-particule associée. Sakharov (1967) a énoncé les trois règles indispensables à la naissance dans l'Univers primordial d'une asymétrie baryons-antibaryons:
Le rapport de la densité de baryons sur la densité (numérique) de photons est invariant au cours de l'expansion puisqu'ils évoluent tous deux en , ceci une fois que les baryons n'intéragissent plus par des réactions nucléaires. Pour les paramètres courants généralement acceptés, on trouve que:
Retenons malgré tout que le modèle standard accompagné des conditions de Sakharov explique qualitativement la baryogénèse mais les approches quantitatives ne prédisent pas encore naturellement le rapport observé. L'Univers local est fait de particules mais pourrait contenir des poches d'antiparticules. L'expérience AMS s'inscrit dans la recherche d'antiparticules cosmiques.
Enfin, mentionnons que les particules formant la CDM ont soit obéi aux trois conditions de Sakharov ou sont leurs propres antiparticules. La littérature sur ce sujet est des plus succinctes.
Transition de phase quarks hadrons. Pour mention. 100 GeV
D'où vient le fer dans la cueillère remuant mon café? D'où vient l'hélium tout d'abord détecté dans le spectre du soleil? D'où vient le carbone, central à la vie, grâce à la richesse de la chimie organique? Discutons ici des abondances de la matière baryonique. Contrairement à la terre dominée par les éléments réfractaires et le fer, l'Univers comporte en majeure partie de l'hydrogène (90% en nombre) et de l'hélium (9%), les autres éléments sont à l 'état de traces (1%). Si l'on explique assez bien les abondances des éléments intermédiaires (C, N, O) par la nucléosynthèse stellaire, et des éléments plus lourds (Fe) par éjection lors des supernovæ, il reste que l'abondance des éléments légers (D, , Li, Be, B) et une grande partie de l'hélium ne peuvent avoir été produits par des réactions stellaires. C'est Alpher, Bethe et Gamow qui ont apporté une explication aux abondances observées des éléments légers. Seule une phase dense et chaude de l'Univers peut avoir fabriqué ces éléments dans les bonnes proportions. Nous décrivons les différentes étapes ici.
. t moindre qu'une seconde. L'âge de l'Univers est donné par
ainsi le rapport neutron sur proton vau où est la différence de masse .
. t=1s à 1min. Pendant cette phase, le rapport neutron sur proton se fige à car, au dela, les réactions ne sont plus à l'équilibre. Les abondances du D, He, Li sont inférieures à , car est très petit.
Des réactions multiples
ont lieu D+n donne 3He,
3He+p donne 4He etc. La barrière coulombienne empêche de franchir
Li et la réaction à trois corps très improbable (ce qui fait une différence
importante avec l'intérieur d'étoiles massives). Le rapport
est crucial car il empêche la synthèse de l'hélium à haute température.
C'est ainsi que Gamow a pu prédire une température du CMB d'environ
5 K maintenant. On retrouve quasiment tous les neutrons dans les
noyaux d'Hélium, mise à part la désintégration radioactive naturelle
des neutrons libres (
). L'abondance en
masse de l'hélium est donc:
Au dessus d'
, les neutrinos sont bien couplés au
bain thermique (via nu nubar - e+e- et n - penubar).
Autour du MeV, les neutrinos se découplent mais leur température suit
momentanément celle des autres particules relativistes (en R-1).
En dessous de
, les e+ e- s'annihilent et par
ailleurs deviennent non relativistes (pour ceux qui restent). La conservation
de l'entropie (propto g(TR)^3)) ainsi que g passant
de 11/2 (photons+e+e-) à 2 (photons only), la température des neutrinos
devrait être maintenant de
soit
.
Exercice:Pour
un photon du rayonnement fossile, combien attend-on de neutrinos primordiaux?
RhoMat=RhoRayt pour R=Omega_m/Omega_phot=
Rapport U/Th est le seul fiable (R. Cayrel dixit) : il donne un âge de , en accord avec la table 1.
Age des amas globulaires, (cf Bennett wmap_basic_results) , Naines blanches .
Le fond diffus du ciel extragalactique s'est toujours révélé être, quelle que soit la longueur d'onde, la somme intégrée sur la ligne de visée de l'émission de sources ponctuelles: paradoxe d'Olbers. Sauf pour le fond à 3 K qui, nous le verrons plus loin, a une granularité à toutes les échelles.
Gamow prédit l'existence d'un fond de rayonnement (cf. chapitre 7) à partir de la nucléosynthèse primordiale. Pendant la phase chaude de l'Univers, l'intéraction COMPTON (diffusion élastique photon sur électron) et l'intéraction bremsstrahlung (freinage des électrons sur les protons produisant des photons) assurent le contact serré entre photons et matière baryonique (les protons suivent les électrons par diffusion coulombienne). La thermalisation de ce fond implique une émission de corps noir (loi de PLANCK).
Quatre cent mille ans après le big bang, les électrons se recombinent et les photons se découplent de la matière (deux phénomènes bien distincts mais concomittants). Le libre parcours moyen des photons est plus grand que l'horizon... La trace fossile qu'on en reçoit est très peu affectée par leur trajet depuis la surface de dernière diffusion, mis à part les effets gravitationnels (l'expansion surtout mais aussi l'effet Sachs-Wolfe intégré).
La densité d'énergie du rayonnement fossile (loi de STEFAN):
Où les harmoniques sphériques s'expriment comme des polynomes de Legendre de que multiplie un coefficient en . La température est une quantité réelle ainsi la relation . La variable varie entre et .
Imaginer une ballon de rugby (quadrupole). puis avec des déformation dont l'échelle est de plus en plus petite.
Champ gaussien. Seule la variance est prédite.
Alternativement, on peut aussi regarder comment la température du ciel est corrélée d'une ligne de visée () à une autre (). Des considérations de symétries (valables pour l'extragalactique mais pas la galaxie) impliquent que cette corrélation ne dépendent que de l'angle de séparation sur le ciel:
La connaissance est fondamentalement limitée par la variance cosmique. La statistique des est non gaussienne, plutot de type .
Figure WMAP, spectre des fluctuations du CMB mesuré par WMAP, CBI et ACBAR. La courbe rouge indique la prédiction (entachée de la variance cosmique indiquée par le grisé) d'un modèle inflationnaire dont les paramètres sont très proches de la table cap:Principaux-param=E8tres-cosmologiques. La courbe du bas donne la corrélation entre anisotropies et le mode E de polarisation.
De nombreux traités existent : cf. Hu:http://fr.arXiv.org/abs/astro-ph/0210696
Les fluctuations sont décrites comme des petits écarts à la solution de Fridemann-Lemaitre. Le tenseur perturbatif de la métrique se décompose en une composante scalaire (perturbations adiabatiques), une vectorielle (perturbations isocourbures) et une tensorielle (ondes gravitationnelles). Le traitement correct relativiste de l'évolution des perturbations ne peut se faire ici (voir [8]). La partie spatiale dans l'espace comobile des perturbations peut se décomposer linéairement (transformé de Fourier) en modes indépendants (comme des ondes planes) caractérisés par leur périodicité spatiale comobile et leur direction. Pour des échelles , les fluctuations croissent toujours, comme (pour ) et (pour ) .
Pour des échelles , les fluctuations ne croissent plus forcément. Il faut considérer deux phénomènes supplémentaires: la matière peut ``sentir'' la pression (les photons et la matière baryonique sont liés par intéraction Compton: la longueur de Jeans est la taille minimum des fluctuations non effacées), et la matière noire peut être subdominante (période radiative) et ne pas pouvoir contrecarrer l'expansion rapide de l'univers.
Les baryons fortement couplés au rayonnement (jusqu'au découplage) voient leur fluctuations plus faibles que celles de la matière noire. Le CMB tel que vu par COBE confirme la présence d'anisotropies mais à un niveau bien inférieur à ce qu'on attendait pour des modèles sans matière noire. Une fois découplée du rayonnement, la matière baryonique chute dans les puits de potentiel de la matière noire. Il n'y a pas en principe de biais entre les deux. Les petites fluctuations vont devenir non-linéaires en premier, puis celles de plus en plus grandes, jusqu'à la taille des amas. C'est un scénario de type bottom-up.
Retenons qu'un spectre initial de fluctuations va se retrouver (avec une fonction de transfert) dans les anisotropies du CMB et dans la distribution présente de la matière . Remonter au spectre initial c'est accéder à l'état de l'Univers dans ses tous premiers instants. Les contraintes sur la fonction de transfert déduites des observations conduisent à l'estimation d'une variété de paramètres cosmologiques.
G, c, h enfin réunis: temps de Planck
Paradoxes de l'horizon, de la courbure, des particules reliques
Un champ domine le contenu énergie-matière de l'Univers à des périodes se situant après 1000 fois le temps de Planck (par ex. vers ). La densité s'écrit:
alors que la pression vaut:
Le potentiel dépend de la température ambiante. A haute température, le minimum de est non nul et se trouve à . Pour un champ variant lentement (on parle de ``slow roll''), on reproduit l'équation d'état correspondant à une période d'inflation. A plus faible température le minimum de vaut 0 mais ne se trouve plus en . On parle alors de brisure de symétrie. L´ inflation s'arrete et le champ se désintègre en les particules que nous connaissons mieux.
Les fluctuations quantiques du champ sont à l'origine des fluctuations nécessaires à la formation des structures. Ces fluctuations sont adiabatiques. Elles doivent avoir un spectre proche du spectre dit de Harrison-Zel'dovich. Ces fluctuations vont évoluer suivant le schéma de l'effondrement gravitationnel. Les défauts topologiques sont subdominant ou même négligeable dans ce scénario. Si la période d'inflation est suffisamment longue ... alors les paradoxes d'horizon et de courbure sont résolus. La courbure de l'Univers doit être exactement nulle. L'accord massif avec les données des dix dernières années (CMB, grandes structures) a donné une grande cohérence à ce modèle. Mais soulignons d'autres aspects de l'Univers qui ont très peu de justifications théoriques jusqu'à présent: l'énergie noire actuelle, la matière noire actuelle, l'asymétrie matière-antimatière, la nature et le comportement du champ : en clair, un scénario détaillé de l'inflation. Une prédiction de l'inflation réside dans la polarisation du CMB. Un fond d'ondes gravitationnelles primordial (perturbations tensorielles) est prédit par l'inflation et doit avoir laissé son empreinte dans la polarisation à grande échelle du CMB. Les détecteurs des dix prochaines années pourraient permettre d'atteindre ce fond (indirectement) par l'intermédiaire du CMB, si l'échelle d'énergie de l'inflation est plus grande que .
L'ordre de grandeur des modes B provenant du fond d'ondes gravitationnelles est
Exo Exo:Phi/c2:
and
.
Exo Exo:DeriverG=E9od=E9siques: Partir de
...
This document was generated using the LaTeX2HTML translator Version 2002-2-1 (1.70)
Copyright © 1993, 1994, 1995, 1996,
Nikos Drakos,
Computer Based Learning Unit, University of Leeds.
Copyright © 1997, 1998, 1999,
Ross Moore,
Mathematics Department, Macquarie University, Sydney.
The command line arguments were:
latex2html -split 0 -show_section_numbers /home/desert/Cosmo/current/coursv2.tex
The translation was initiated by F.-Xavier Desert on 2005-02-07