Quand Albert devient Einstein : L’environnement scientifique du jeune Einstein en Italie (1895-1901)

Séminaire IPAG de Christian Bracco (Université de Nice-Sophia Antipolis & Observatoire de Paris), jeudi 26 avril 2018 à 11h00, salle Manuel Forestini IPAG

La période 1895-1901 est importante pour comprendre la formation et l’évolution des questionnements scientifiques du jeune Albert Einstein (1879-1955). Parallèlement à ses études en Suisse et à l’ETH de Zurich en particulier, il passe alors un temps significatif à Pavie et à Milan avec sa famille, qui y possède une entreprise électrotechnique. Nous décrirons son environnement scientifique à Pavie, qui lui permet, en 1895, dès l’âge de seize ans, sans avoir l’âge requis ni le diplôme nécessaire, de tenter sa chance à l’École Polytechnique fédérale de Zürich (ETH). Après son admission l’année suivante, en 1896, Einstein retourne régulièrement à Milan où sa famille s’est établie définitivement. Nous monterons, à partir de ses lettres à sa future femme Mileva Marić, qu’il travaille dans la riche bibliothèque scientifique de l’Institut Lombard, l’académie des sciences et des lettres de Lombardie. De 1899 à 1901, il retrouve à Milan son ami Michele Besso avec lequel il discute de nombreux sujets scientifiques : forces moléculaires et phénomènes de capillarité en lien avec une première thèse qu’il abandonne début 1902, mais aussi mouvement relatif de la matière et de l’éther ou nature de la lumière. Ces échanges constituent un prélude à la fameuse période bernoise, où, à la demande d’Albert, Michele le rejoint en janvier 1904 au bureau des brevets et de la propriété intellectuelle. Einstein bénéficie aussi à travers Besso du riche environnement scientifique de sa famille, en particulier celui de son oncle Giuseppe Jung, professeur de mathématiques à l’école Polytechnique de Milan et membre de l’Institut Lombard. Nous proposerons une analyse croisée des revues scientifiques présentes dans la bibliothèque de cet institut, du contenu de la bibliothèque personnelle de Jung et des lettres d’Einstein. On peut espérer que cet éclairage nouveau aidera à retracer l’évolution de ses idées scientifiques. Ainsi, la nécessité de réorienter son travail de thèse initial sur les forces moléculaires vers les gaz, l’expérience qu’il imagine pour mettre en évidence le mouvement de la Terre dans l’éther, et peut-être même une première idée des quanta lumineux, pourraient être liées à ses lectures et discussions du printemps 1901 à Milan.